- Auteur : Paula Hawkins
- Ma note :
- Lu : mai 2017
Une semaine avant sa mort, Nel a appelé sa sœur, Julia. Qui n’a pas voulu lui répondre. Alors que le corps de Nel vient d’être retrouvé dans la rivière qui traverse Beckford, Julia est effrayée à l’idée de revenir sur les lieux de son enfance. De quoi a-t-elle le plus peur ? D’affronter le prétendu suicide de sa sœur ? De s’occuper de Lena, sa nièce de quinze ans, qu’elle ne connaît pas ? Ou de faire face à un passé qu’elle a toujours fui ? Plus que tout encore, c’est peut-être la rivière qui la terrifie, ces eaux à la fois enchanteresses et mortelles, où, depuis toujours, les tragédies se succèdent.
Julia, Lena, Nel : avec ce superbe portrait de trois femmes en quête d’elles mêmes, aux prises avec les pesanteurs du passé, on retrouve l’infinie compréhension pour ses personnages dont témoignait déjà Paula Hawkins dans La Fille du train. On y retrouve, surtout, sa virtuosité et un talent incroyable pour tenir le lecteur en haleine jusqu’à l’ultime rebondissement, qui marquera tous les esprits.
mon avis
Après La fille du train, roman ferroviaire *, Paula Hawkins revient avec un roman aquatique **.
Julia a ignoré les appels téléphoniques de sa sœur aînée, Nel. La mort tragique de cette dernière la forcera à revenir sur les lieux de son enfance et à faire la connaissance de sa nièce Lena, réplique d’une Nel adolescente. Malgré les efforts de communication de Nel, Julia en a toujours voulu à sa sœur. Cette rancœur, dont les raisons demeurent longtemps obscures, alimentent un mystère déjà bien opaque. La fascination de Nel pour la rivière et le « bassin aux noyées », et pour son histoire tragique parsemée de cadavres, est un point important du roman, la rivière devient elle-même un personnage à part entière, et génère une ambiance particulière. Quelques flashbacks disséminés ça et là comme des cailloux au fond de l’eau (plouf !) illuminent le récit d’un éclairage nouveau, au fil de chapitres assez brefs qui exposent le point de vue de nombreux personnages. Ceux-ci sont nombreux, les chapitres se succèdent à un rythme soutenu et le suspens tient parfaitement la route.
La mort de Nel n’est pas le seul mystère à résoudre, loin de là. Liée à d’autres tragédies et à une mythologie locale morbide, elle n’en est que la plus récente manifestation. Le nombre de points de vue brouille les pistes, l’intrigue se dissout dans de multiples ramifications sans que le lecteur se perde pour autant. Une intrigue plus ou moins secondaire sème le doute et la perplexité, faisant intervenir tous ces personnages de diverses façons, liés de près ou de loin à la mort de Nel.
L’auteur traite largement des thèmes de la famille, de la condition de la femme, du secret, de l’incompréhension, du manque de communication. Suicides inexpliqués, violences conjugales, amours interdites, mensonges, autant d’ingrédients qui nourrissent une histoire déjà riche et complexe.
Les trois quarts du récit maintiennent bel et bien un suspens efficace et le lecteur n’a pas beaucoup de pistes, voire pas du tout s’il se laisse porter par le récit, il doit alors s’en remettre à l’auteur et à ses personnages. Malgré tout, pour le lecteur attentif aux indices (que personnellement j’ai trouvés un peu trop évidents pour la seule raison que je m’en suis souvenue !), le dernier quart devient prévisible et même l’ultime révélation n’en est finalement plus une ! Le suspens est néanmoins rondement mené, entretenu sur la longueur, mais le fin mot de l’histoire, pour peu que l’on suive la logique des personnages et qu’on n’oublie pas certains détails peu discrets, ne prend pas l’allure d’un ultime rebondissement, car pour ma part je l’ai vu venir de loin. Une révélation progressive donc, une mise en place par forcément évidente mais une issue prévisible. Cet aspect n’est pas forcément un défaut, sauf si l’on fait confiance à la quatrième de couverture, un chouïa exagérée.
Pour conclure, un roman aussi prenant et addictif que La fille du train, mais moins surprenant quant à son dénouement.
* : humour !
** : là, c’est vrai !
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