- Auteur: Éric-Emmanuel Schmitt
- Ma note:
- Lu : mars 2008
Parce qu’il se sent médiocre et inexistant, un jeune homme va se suicider quand un artiste mégalomane suspend son geste. Il lui propose d’acheter son âme et son corps pour en faire une sculpture vivante, sublime ou monstrueuse, et une marchandise planétaire. Le désespéré accepte le pacte et l’opération, se laisse déshumaniser, et exposer aux yeux des foules, sous le nom d’Adam-bis. Mais peut-il abdiquer entièrement son humanité ? Grâce à l’amour d’une jeune-femme, « l’œuvre d’art » tente alors de sortir de l’emprise de son créateur et de retrouver sa conscience perdue. Cette fable excentrique, inquiétante et comique nous entraîne dans un monde rongé par le narcissisme, le culte du simulacre et de l’apparence, le totalitarisme de l’image : le nôtre.
Mon avis
Voilà un grand homme, un grand écrivain. On le sait déjà ça ne surprendra personne, mais moi, à chaque livre que je lis de lui, je suis encore extasiée. C’est beau, profond, stylé, poétique, surréaliste, absurde, authentique, joyeux, tragique…Tout à la fois, ou en partie, c’est selon. Avec ce roman-là, on aborde le concept de l’art, de l’humanité, de ce qui fait un homme. Le personnage de Tazio, jeune homme suicidaire, tombe dans le piège de l’apparence. Avec une nouvelle image serait-il plus aimable, plus digne de l’intérêt et l’amour de son prochain ? Il est en persuadé, et estimant qu’il n’a rien à perdre, accepte la proposition d’un artiste manipulateur. L’art, la beauté, tout est question de subjectivité, mais aussi d’effet de masse, de suggestion, de manipulation. La gloire, la reconnaissance et le succès ne riment pas forcément avec le talent, loin de là. Le héros, sculpture vivante, va se découvrir une humanité qu’il ne se soupçonnait pas, des sentiments qui lui semblaient incapable d’éprouver. Passée l’euphorie d’une gloire soudaine, d’une reconnaissance publique, la question de l’art se pose. Qu’est-ce que l’art ? Qui décide de ce qui est de l’art et de qui ne l’est pas ? De ce qui est beau ou laid. La beauté, ou ce qui est considéré comme telle, est-elle indispensable, universelle ? Le livre est surprenant, on oscille entre surréalisme et absurde, toujours dans l’humour, mais sans excès. Le héros subit une sale transformation, à peine suggérée, que l’auteur nous laisse imaginer, et on friserait l’horreur sans ce décalage et ce recul pris l’auteur. Et ça, c’est du grand art !
Une remarque pertinente pour “Lorsque j’étais une œuvre d’art”
toujours intéressant tes billets 🙂 parce qu'il se sent médiocre et inexistant : ça m'a quelque peu fait sourire 🙂 bonne continuation !
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