- Auteur : Sebastià Alzamora
- Ma note :
- Lu : janvier 2015
Barcelone, été 1936. Le Front populaire au pouvoir déchaîne la plus grande persécution religieuse qu’ait con nue l’Espagne. Des éléments anarchistes incontrôlés se proposent d’“exfiltrer” discrètement des confréries religieuses, contre rançon.
Dans la cuisine de la pension où ils se sont réfugiés en attendant de pouvoir quitter le pays, des frères maristes trouvent le corps sans vie d’un des leurs ; dans la ruelle avoisinante gît celui d’un enfant. Ils ont été vidés de leur sang, dans un modus operandi qui ressemble fort à celui des vampires.
Le commissaire chargé de l’enquête ne croit pas aux vampires. Et pour tout dire, il n’accorde pas plus de crédit aux religieux qu’aux anarchistes qui les persécutent. Les deux acolytes (un docteur et un juge) qui l’assistent occasionnellement sont, eux, fascinés par la légende du Golem et s’ingénient à créer du vivant à partir de la matière inerte et plus particulièrement de dépouilles humaines. Pendant que ses amis s’exaltent avec leurs macabres automates, le commissaire se rend au couvent des Capucines où le chef des anarchistes a caché un évêque dont il pense pouvoir négocier la vie auprès des fascistes. L’infâme éminence, qui se pense aussi surnaturel que Dieu, y a jeté son dévolu sur une toute jeune novice. Est-ce l’effet de la pureté de son chant ou de son insoutenable puberté ?
Thriller gothique sépulcral, d’une beauté grave et envoûtante, Memento mori décrit un monde au bord du gouffre avec une effroyable douceur.
Mon avis
Que dire d’un tel roman ? Je suis perplexe. La chose est très bien écrite, rondement menée, les personnages sont intéressants bien que pas assez approfondis à mon goût, et les éléments fantastiques sont aussi troublants que disparates. Le contexte historique est plutôt original, car nous sommes à Barcelone en 1936, et il ne fait pas bon être curé lorsque l’on croise un républicain grognon. Certes les curés fascisants l’avaient bien cherché, mais de là à les exterminer et à servir de monnaie d’échange, voire de dérivatif aux pulsions meurtrières de révolutionnaires excessifs, c’est quand même pas joli joli. Bref, un contexte hautement anxiogène donc, et une intrigue pour le moins atypique. Mettez en vrac un commissaire qui n’aime pas les curés, mais qui ne leur veut pas de mal, un évêque gardé au chaud dans un couvent qui ne demande qui libérer sa libido, un vampire qui rôde dans Barcelone, un automate mécano-organique (répondant au nom d’Hadaly, en hommage à L’Ève future de Villiers-de-L’Isle Adam que j’ai maintenant envie de relire, c’est malin !), ça fait beaucoup de choses sans grand rapport entre elles. Le roman est très agréable à lire, envoûtant, mais perturbant dans ses mélanges de thématiques. On finit tout de même par faire le lien entre tous les éléments, mais je reste perplexe quant au choix d’évoquer le vampirisme, le Golem, la pédophilie cléricale, les excès et les crimes des Républicains, tout ceci en même temps et en vrac, sans approfondir un aspect plus que l’autre. Un curieux mélange qui donne le sentiment d’une intrigue non aboutie, brouillonne, même si elle retombe plus ou moins sur ses pattes dans un final inattendu et spectaculaire.
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