- Auteur : Alan Hollinghurst
- Ma note : abandon à 47%
- Lu : février 2015
En 1913, George Sawle amène en week-end aux Deux Arpents, la maison familiale, un camarade de Cambridge, Cecil Valance. Cet aristocrate poète fait forte impression sur les Sawle, et notamment sur la jeune sœur de George, Daphné, éblouie par l’aisance et la liberté de ton de Cecil. Alors qu’il est l’amant de George, Cecil séduit Daphné et lui dédicace un poème,Deux Arpents. A partir de ce point de départ, l’auteur développe l’histoire de ces deux familles en une grande fresque qui couvre presque un siècle, avec pour fils rouges le déclin de l’aristocratie et l’évolution de la société anglaise dans son approche de l’homosexualité, les deux se rejoignant dans le destin posthume de Cecil, mort en 1916, à 25 ans, sur les champs de bataille.
Ses poèmes, notamment Deux Arpents, lui valent une grande popularité dans l’immédiat après-guerre. Cette gloire éphémère, sa mort précoce, sa romance avec Daphné, mais aussi le soupçon d’une homosexualité scandaleuse, aiguillonnent la curiosité des biographes pour ce personnage qui semble sans cesse se dérober derrière le mur du discours officiel de ceux qui l’ont connu. Et le secret de Cecil disparaîtra, enfoui dans les ruines des grandes demeures désormais à l’abandon.
Mon avis
Je découvre la plume enchanteresse d’Hollinghurst avec ce roman. On succombe au style de l’auteur dès le premières pages, c’est si beau, délicat, recherché, que j’ai eu l’impression de lire un auteur mort du XXe. Malheureusement, on se rend compte à peu près aussi rapidement du degré d’ennui et d’insipidité de l’intrigue. Alors que tous les ingrédients étaient là pour me séduire, (époque, propos, pays, style) la construction et l’absence d’intrigue ont eu raison de ma patience. Le personnage de Cecil Valance sert de vague fil conducteur à plusieurs histoires, qui se déroulent tout au long du XXe siècle, et sont souvent séparées par plusieurs années. Des personnages réapparaissent dans une nouvelle histoire sans autre lien apparent qu’eux-mêmes. On a la sensation de lire un recueil de nouvelles déguisé, un roman dont le découpage ne permet pas au lecteur de s’attacher aux personnages. On saute un peu du coq à l’âne, avec chaque fois (du moins jusqu’à la moitié du livre) une mini-histoire qui s’écoule en un court laps de temps (un week end, une soirée) avant de faire un saut dans le temps avec une autre histoire. À chaque fois, il ne se passe rien, chaque épisode étant le prétexte à un exercice de style, réussi, certes, mais d’un ennui rare. Après un léger et furtif regain d’intérêt à 20% du livre, j’ai fini par abandonner à 47%.
J’ai lu et entendu bien des choses au sujet de ce roman, presque toutes dithyrambiques, la plus idiote étant la comparaison avec Dickens et les Brontë. Je crois que lorsque l’on fait ce genre de parallèle on prend les gens pour des ânes. Les personnages n’ont pas le temps d’avoir de l’épaisseur, on ne les suit pas assez longtemps pour s’intéresser à eux. Il ne se passe rien, trop de non-dits tue le non-dit et on finit par ne vraiment rien dire. À force de jouer la carte de la subtilité, on en devient vide et plat. Isolément, ces épisodes n’ont aucun intérêt, il est possible qu’une lecture complète du roman mette en lumière un formidable propos et un final qui explique tout, mais j’en doute, et me farcir des heures d’ennui pour un dénouement potentiellement sympa mais très probablement aussi insipide que le reste ne me sied guère. Et pourtant, quelle plume exquise !
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