- Auteur : Alexandra Burt
- Ma note :
- Lu : juin 2018
De son enfance, Dahlia se souvient surtout de nuits dans des hôtels miteux et d’un quotidien chaotique à sillonner les routes du pays, au côté d’une mère complètement déjantée.
Devenue adulte, Dahlia cherche désespérément à prendre le contre-pied de cette vie, mais son enfance clandestine et le mystère qui entoure sa naissance l’empêchent d’aller de l’avant.
La jeune femme décide de se rendre auprès de sa mère à Aurora, petite ville poisseuse au beau milieu du Texas. Elle plonge alors dans le passé d’une femme au bord de la folie.
Après une découverte macabre dans une ferme voisine, Dahlia comprend que certains secrets devraient rester enterrés à tout jamais…
mon avis
Lorsque j’ai choisi ce livre dans la sélection de mai j’avais oublié avoir lu le premier roman d’Alexandra Burt, l’an dernier à la même époque. Le nom me disait bien quelque chose, mais vaguement. Il faut dire que Little Girl Gone ne m’avait pas laissé un souvenir très positif. Traduit par Perrine Chambon et toujours édité chez Denoël, Mère toxique s’avère nettement au-dessus de son prédécesseur.
Mère & fille
Dahlia, la trentaine, vivant de petits boulots de femme de ménage, est récemment revenue dans sa ville natale. Handicapée par son enfance dont elle garde peu de souvenirs en dehors d’une vie instable de vagabondes, Dahlia cherche des réponses de la part de sa mère, elle-même hantée par un lourd passé. Burt reprend ici un thème qui semble lui être cher, la relation mère-fille. Si la maternité et ses aléas était le centre de Little Girl Gone, ici le lecteur est invité à explorer le mal être et les interrogations d’une fille, qui malgré tout l’amour qu’elle porte à sa mère, n’arrive pas à avancer dans la vie. Consciente d’avoir été maintenue dans l’ignorance depuis son enfance, Dahlia est décidée à briser le silence borné de sa mère, dont la santé mentale semble de plus en plus fragile.
L’autrice nous dresse plusieurs portraits de femmes différemment malmenées par la vie. Mères, filles, amantes, un peu des trois ou tout à la fois, chacune avance péniblement sur trois décennies, avec ses non-dits et ses blessures. On devine assez vite le gros de l’intrigue, si bien que le suspens en pâtit. On cerne le qui et le pourquoi, néanmoins, il reste le comment qui ne nous est révélé que progressivement.
Roman noir atmosphérique
L’ambiance moite et poisseuse du Texas est assez bien rendue (selon l’idée que je m’en fais en tout cas), l’atmosphère entre Memphis et Dahlia n’en est que plus tendue tout au long du roman, on attend que quelque chose craque mais l’auteur excelle à maintenir la tension. Dahlia est manifestement une jeune femme en vrac, fragile mais déterminée, à la recherche de réponses, tandis que Memphis, qui a passé la soixantaine, commence à se craqueler sous le poids de son secret et de sa vie d’errance. Ce qui surprend c’est l’amour inconditionnel de la fille pour sa mère, malgré une enfance obscure, faite de longs trajets en voiture et de motels miteux. La mère et la fille sont parvenues à un point de non retour, où tout attend d’être enfin dit, révélé, expliqué. Le lecteur assiste à cette montée en puissance entre les deux femmes, et plus qu’un réel suspens pur et dur, ce sont les conséquences de la révélation qui font l’intérêt du récit, plus que le secret lui-même, assez vite éventé.
La noirceur ambiante est surpassée par un dénouement brutal mais nécessaire. Burt n’y va pas par quatre chemins, elle reste fidèle à une logique implacable, la cohérence de son propos force l’admiration. Si son premier roman m’avait laissée perplexe et désappointée, elle dévoile ici des talents de narration et une profondeur totalement absents de Little Girl Gone. Même si le traitement du suspens reste assez bancal et inefficace, les personnages sont crédibles et complexes, le rythme adapté à l’ambiance générale. Un bon roman d’ambiance bien mené sur presque tous les plans.
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