- Auteur : Jeremy Fel
- Ma note :
- Lu : juillet 2018
Kansas, un été plus chaud qu’à l’ordinaire. Une décapotable rouge fonce sur l’Interstate. Du sang coule dans un abattoir désaffecté. Une présence terrifiante sort de l’ombre. Des adolescents veulent changer de vie. Des hurlements s’échappent d’une cave. Des rêves de gloire naissent, d’autres se brisent.
La jeune Hayley se prépare pour un tournoi de golf en hommage à sa mère trop tôt disparue. Norma, seule avec ses trois enfants dans une maison perdue au milieu des champs, essaie tant bien que mal de maintenir l’équilibre familial. Quant à Tommy, dix-sept ans, il ne parvient à atténuer sa propre souffrance qu’en l’infligeant à d’autres…
Tous trois se retrouvent piégés, chacun à sa manière, dans un engrenage infernal d’où ils tenteront par tous les moyens de s’extirper. Quitte à risquer le pire.
Et il y a Helena…
mon avis
J’ai découvert Jérémy Fel au hasard des propositions de servives de presse, lors de la sortie en version poche de son premier roman Les loups à leur porte. Depuis, je suis l’auteur de près dans l’attente de son second roman, Helena, que voici enfin !
Intrigue facile. ou pas
Hayley, une fille à papa, décide de renouer avec le golf, sport dans lequel elle excellait jusqu’à la mort de sa mère. Seule à bord de sa décapotable elle quitte le domicile familial pour se préparer à un tournoi important. Une panne en bord de route, un sauvetage par une mère de famille veuve et perdue au milieu des champs de maïs du Kansas, le tableau se profile assez vite. Chaleur, moiteur, décor isolé, jeune fille en détresse, personnages ravagés du bulbe (surtout un), voilà un début d’intrigue qui donne l’impression de savoir comme cela va finir.
Sauf que Jérémy Fel est un fieffé coquin, car tel un Stephen King très inspiré *, il tisse sa toile machiavélique l’air de ne pas y toucher, sur une trame assez classique, prévisible dans les grandes lignes mais sournoise dans les détails. Un environnement champêtre, paisible et rassurant à première vue, une famille accueillante et chaleureuse, Hayley ne se méfie pas encore, elle ignore ce qui se cache derrière les apparences. L’Amérique, profonde, celle de Trump, des secrets de familles, de la violence et des non-dits, une belle toile de fond actuelle et anxiogène.
Les méandres psychologiques dans lesquels les personnages sont englués ne sont pas bien beaux à voir. Norma, épouse déçue, mère sacrificielle, et Tommy, son fils déviant mais parfois attachant, forment un inquiétant binôme. Le plus effrayant des deux n’est pas celui qu’on croit. Les personnages dont l’auteur nous dresse des portraits subtils et réalistes ne sont qu’ambiguité. Ici, point de manichéisme ou de facilité. Le plus horrible des monstres est aussi profondément humain, et inversement. L’auteur explore les raisons qui peuvent conduire au Mal absolu, à l’horreur, et au sacrifice.
La Mère, ce centre du Monde !
L’amour maternel est au centre du propos. Qu’il soit absent, excessif ou qu’il confine à l’aveuglement, l’individu est forgé par celui-ci. Son caractère, son développement, ses actions, tout en découle.
L’écriture de Fel est terriblement vivante, subtile et profonde. Ses talents de narration, sa capacité à dépeindre des personnages riches, complexes, à la fois hors du commun et si humains, sont indéniables. Les loups à leur porte donnaient déjà un aperçu de la richesse de la plume de Jérémy Fel, il signe avec Helena un superbe roman, qu’on lit en apnée, sans temps mort ni longueurs.
C’est glauque, c’est moche, c’est complexe, c’est profondément humain, quoi.
* : c’est pas moi qui le dit, c’est de notoriété publique
4 remarques pertinentes pour “Helena”
Aujourd’hui j’ai lu un avis dithyrambique sur ce livre, un avis qui le dézingue totalement, et cet article qui incite à lire ce roman sans tomber dans l’excès.
Les excès c’est jamais bon, ni dans un sens ni dans l’autre. je serais curieuse de connaître l’article qui le dézingue en tout cas ! 😀
Ce n’est franchement pas du Stephen King ou du Grisham. Ce n’est pas haletant. C’est même franchement long et pleins de passages absolument pas nécessaire et ralentissant même l’action. L’auteur semble toujours utiliser les mêmes procéder. Quand à l’arrivée d’Héléna dans le livre, qui donne même son titre au livre, c’est franchement nul et envoie le bouquin vers une signification sous-jacente bien cucul. On n’exagère vraiment la valeur de ce roman. Personnellement, je préfère me replonger dans autre chose, même un bon vieux Brussolo fera l’affaire.
Tous les goûts sont dans la nature 🙂 se replonger dans un Bescherelle ça pourrait faire l’affaire également.
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