- Auteur : Christopher Priest
- Ma note :
- Lu : septembre 2018
2000. Ben Matson noue une relation passionnée avec Lilian Viklund. Il ne le sait pas encore mais, dans moins d’un an, la jeune femme aura disparu.
Plus de vingt ans après, le décès de Kyril Tatarov, un scientifique de renom que Matson a jadis interviewé, fait la une des journaux, alors que les débris de ce qui ressemble à un avion sont retrouvés dans l’Atlantique, à une centaine de miles des côtes américaines. Ces deux événements, a priori sans rapport, replongent inexorablement Ben dans les souvenirs de son histoire avec Lil. Se pourrait-il qu’il y ait un lien entre la disparition de la jeune femme, celle de Tatarov et celle d’un avion inconnu? Et le monde que nous connaissons serait-il en train d’en subir les conséquences?
Christopher Priest entremêle avec brio les différents fils de son histoire et l’Histoire. Conséquences d’une disparition propose une perspective nouvelle sur un événement récent et marquant de l’histoire contemporaine : les attentats du 11 septembre 2001.
mon avis
Le nouveau Priest est là ! Paru chez Denoël et traduit par Jacques Collin, il est superbement illustré par Aurélien Police.
Christopher Priest sort ici de sa zone de confort en optant pour un roman basé sur un événement réel et pour lequel il s’est massivement documenté. Il ne dévie pas non plus vers l’uchronie, il reste dans la réalité, se contentant de poser des questions et de semer un doute sain dans l’esprit du lecteur. J’ai craint dès le départ que Priest sombre dans le complotisme, tant le 11 septembre reste sujet à débats (plus ou moins délirants), mais même son personnage, hanté par des questions sans réponses, a du mal à passer du côté obscur. Celui-ci s’interroge inlassablement sur les circonstances de la mort de sa compagne, mais ne tombe pas pour autant dans le dléire conspirationniste, il mène une enquête sur plusieurs années, au gré des rencontres, des souvenirs.
Le récit est morcellé en plusieurs chapitres façon puzzle, Priest s’amuse à égarer le lecteur dans un labyrinthe narratif efficace et rythmé, étalé sur plus de vingt ans. La construction, d’un abord déroutant, trouve son sens au fur et à mesure des révélations, et des questions sans réponses. Ce procédé met en valeur le long chemin parcouru par Ben, l’évolution de son deuil, sa perception des événements et leur interprétation. Le petite histoire de Ben Matson s’inscrit dans la grande Histoire, son deuil fait écho a des milliers d’autres, conséquences du 11 septembre. Malgré le réalisme du roman, le théorème de Thomas, base de l’intrigue, reflète parfaitement les préoccupations habituelles de l’auteur, sous un angle nouveau.
« Si les hommes définissent des situations comme réelles, alors elles sont réelles dans leurs conséquences »
Sans jamais tomber dans le piège du conspirationnisme, Priest incite au doute à bon escient, il expose les faits, les contradictions, et pousse le lecteur à aller plus loin. La réalité et la perception que l’on peut en avoir sont deux choses différentes, de même que l’interprétation qui en est une autre. Le cheminement personnel de Ben est long et laborieux. L’acceptation des faits aussi, et leur interprétation toute personnelle. Les conclusions sont quant à elles bien réelles. On retrouve donc ici toute la finesse d’écriture de l’auteur et la subtilité de son propos. Ancrée dans le réél, l’intrigue ne se situe pas moins dans un futur proche, post-Brexit, dans lequel l’Écosse a rejoint l’Union Européenne après son indépendance. Rien de loufoque donc, rien de science-fictionnel non plus, pas le plus transcendant de l’auteur selon moi, mais une excellente piste de réflexion sur l’interprétation d’événements à différents niveaux de perception.
2 remarques pertinentes pour “Conséquences d’une disparition”
Hoplà! Encore une qui me donne envie de le lire, mais surtout de découvrir Priest!
Yep Yep…. ya toujours des trous à combler 🙂
Vas-yyyyyyyyy ! ?
Les commentaires sont désormais fermés.
Pour la suite de mes lectures et autres déviances,
cela se passe désormais sur Okenwillow.