- Auteur : Stephen King
- Ma note :
- Lu : octobre 2015
La foudre est-elle plus puissante que Dieu ?
Il a suffi de quelques jours au charismatique Révérend Charles Jacobs pour ensorceler les habitants de Harlow dans le Maine. Et plus que tout autre, le petit Jamie. Car l’homme et l’enfant ont une passion commune : l’électricité.
Trente ans plus tard, Jamie, guitariste de rock rongé par l’alcool et la drogue, est devenu une épave. Jusqu’à ce qu’il croise à nouveau le chemin de Jacobs et découvre que le mot « Revival » a plus d’un sens… Et qu’il y a bien des façons de renaître !
Addiction, fanatisme, religion, expérimentations scientifiques… un roman électrique sur ce qui se cache de l’autre côté du miroir. Hommage à Edgar Allan Poe, Nathaniel Hawthorne et Lovecraft, un King d’anthologie.
Mon avis
La rencontre et l’amitié entre un jeune garçon et un adulte, ça rappelle des choses de chez Stephen King, ça ! La couleur est annoncée, elle promet de l’émotion, de la bouleversification (oui !) et de l’horreur. L’histoire s’étale sur pas loin de cinquante ans, de quoi bien immerger le lecteur dans une presque-saga, en prenant le temps de suivre notre narrateur de l’enfance à l’adulte (bien avancé). Forcément, on s’attache.
Harlow, 1963, Jamie est le dernier d’une famille de cinq, et devient rapidement le préféré du jeune Révérend Charles Jacobs, récemment installé dans sa nouvelle paroisse. Aimé de tous, certains événements vont le conduire à quitter Harlow, et le petit Jamie. Marqué par son premier ami adulte, Jamie va continuer sa vie d’enfant, d’adolescent, puis d’adulte sans jamais oublier le Révérend.
Trente ans plus tard, lors d’un revirement de fortune, (ou d’un pas de plus vers la déchéance), Jamie recroise la route du Révérend. L’influence de ce dernier sur Jamie se confirme, et modifie le cours de sa vie, inexorablement. Jacobs a bien changé, Jamie aussi, mais leur amitié ne semble pas avoir faibli avec le temps et la distance.
Devenu adulte, Jamie en apprend un peu plus sur son ami, et son esprit critique, qu’il doit en partie à son mentor, commence à s’aiguiser face au comportement étrange de Jacobs. Celui-ci, toujours aussi fasciné, voire obnubilé par sa passion pour l’électricité, semble poursuivre un but aussi mystérieux qu’inquiétant. La touche fantastique du roman est très subtile, rien n’est dit, rien n’est montré, tout est suggéré, et annonce tout au long de l’histoire de grandes révélations pour la conclusion, d’autant plus horribles qu’on les attend avec impatience, curiosité et anxiété.
Les références et auto-références sont nombreuses, et les spécialistes de King sauront les débusquer mieux que moi, néanmoins, une petite allusion à Joyland, et quelques réminiscence de Shining donnent déjà le ton du livre, sans parler de l’hommage flagrant à Lovecraft ou Mary Shelley, pour ne citer qu’eux. Les thèmes de l’addiction, de la religion (et de l’addiction à la religion !), de l’illusion, et de l’enfant devenu adulte sont superbement illustrés, et habilement entremêlés. L’enfant, comme l’adulte religieux sont victimes de leurs illusions, tandis que l’individu non-croyant cherche à comprendre l’incompréhensible, à donner un sens aux choses et à aller de l’avant. Celui-ci passe d’ailleurs un peu pour un impie car on sent que son entêtement à vouloir voir et savoir va lui jouer des tours, comme quoi « c’est pas bien de jouer les apprentis sorciers et de vouloir jouer à dieu, bouh ! » Bref, si l’on passe sur ce possible message subliminal que je préfère ignorer, nous avons un dénouement bien anxiogène, des scènes d’épouvante et de désespoir délicieusement lovecraftiennes. Le tout, élaboré avec une grande subtilité, d’un bout à l’autre, car King n’use pas du spectaculaire, du moins celui-ci ne réside que dans l’apparition relativement discrète du fantastique dans le réel. Et le contraste est fort, puissant, efficace. Suffisamment efficace pour faire froid dans le dos à l’athée que je suis.
Les révélations du grand final tant attendu sont percutantes, déprimantes dans ce qu’elles impliquent. Un grand King en ce qui me concerne, dense et profond, avec une sacrée galerie de personnages.
2 remarques pertinentes pour “Revival”
Mais qu’est-ce que j’attends pour lire Stephen King ?!
J’ai une idée… Ma PAL…
Mais on se le demande !!! 😀
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