- Auteur : Charlotte Brontë
- Ma note :
- Lu : mai 2013
Je boycotte la 4E DE COUVERTURE d’Archipoche qui non seulement en dit trop long, mais dit aussi n’importe quoi ! À se demander si quelqu’un chez eux a lu le livre, s’ils ne se sont pas contentés de refourguer la traduction d’époque sans relire.
Mon avis
Grande fada de Jane Eyre de Charlotte et des Hauts de Hurlevent d’Emily, je me mets enfin à approfondir leur succincte bibliographie. Après un ratage avec Anne, (que je compte reprendre dans la foulée vu que je suis d’humeur) j’ai tenté le coup avec Villette.
Basé sur l’expérience de Charlotte lors de séjour en tant que préceptrice à Bruxelles, Villette met en scène la lutte quotidienne d’une jeune fille sans famille ni relation, qui doit elle-même subvenir à ses besoins. Après une introduction qui nous la présente à l’âge de 14 ans lors d’un séjour chez sa marraine, nous la retrouvons 9 ans plus tard, après un drame familial à peine évoqué et sur lequel nous n’en saurons pas plus. Lucy est une jeune fille discrète, introvertie, ce qui la fait passer pour froide et insensible. Mais Lucy, bien que réaliste quant à sa situation précaire, est malgré tout pleine d’espoir et de vaillance. Sur un coup de tête et n’ayant rien à perdre, elle décide de s’en remettre à son intuition et quitte son pays pour le royaume de Labassecour, autrement dit, la Belgique. De rencontres fortuites en retrouvailles non moins improbables, elle va gagner sa place au sein de l’internat de Mme Beck, à Villette (comprendre Bruxelles). Au-delà du choc linguistique, dont Lucy parviendra finalement à se remettre sans mal, le choc culturel est bien plus brutal. La jeune fille, protestante, anglaise, va devoir s’adapter à sa nouvelle vie dans un milieu catholique et francophone. L’auteur ne lésine pas sur la critique de l’éducation, quelle soit anglaise ou labassecourienne (?), ni sur les différences de mœurs, de mentalités, etc. La jeune fille accepte son sort et ne s’en tire pas trop mal, mais ses luttes intérieures, ses états d’âmes et ses questionnements sont le centre du roman.
L’écriture est délicieuse, les portraits psychologiques très fins et approfondis, on perçoit l’importance du moindre mot, de la moindre intonation, du moindre battement cil. Les tourments de Lucy ne sauraient laisser insensible, ses espérances sont modestes, son fatalisme modéré, elle n’aspire pas à de grandes choses improbables, mais espère juste mériter une petite place dans ce monde, avec de quoi subvenir à ses maigres besoins d’orpheline. Sa capacité d’adaptation et sa finesse d’esprit font qu’elle s’accommode même des déceptions, prenant sur elle et passant à autre chose, la mort dans l’âme, avec une résignation à toute épreuve. Son apparente froideur contraste avec la profondeur de ses sentiments, qu’elle canalise malgré tout. Lucy est un grand personnage, de même que M.Emmanuel, fascinant dans ses contradictions, et dont l’évolution au fil du récit ne dépend que des yeux de Lucy. Et même si le roman dans son ensemble ne me laisse pas la même impression de passion échevelée que Jane Eyre ou Hurlevent, il n’en reste pas moins que l’on suit les péripéties de l’héroïne avec un grand intérêt. Le dénouement est à la fois attendu et surprenant. Je m’y attendais, mais pas sous cette forme particulièrement retorse. Il nous pousse à revenir en arrière en repensant à certains détails qui feraient toute la différence. Ou pas. Du grand Brontë que voilà !
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