- Auteur : Øystein Stene
- Ma note :
- Lu : novembre 2015
Au milieu de l’océan Atlantique se cache une petite île dont les services de renseignements américains et européens ont gardé secrète l’existence depuis la Première Guerre mondiale. Les cartes officielles ont été manipulées et le moindre esquif qui s’approche est coulé.
En janvier 1989, un homme se réveille nu dans un hangar sur l’île. Sa peau est grisâtre, son corps froid, ses membres gourds. Il ne sait ni où il est, ni comment il a atterri là. Fait encore plus troublant : il n’a aucune idée de qui il est. Pris en charge par le service d’accueil de l’île de Labofnia, il comprend que son arrivée n’a rien d’exceptionnel. Depuis toujours, les futurs Labofniens surgissent spontanément sur l’île. Ils ignorent leur identité, n’ont aucun souvenir de leur vie antérieure, n’éprouvent aucun désir, aucune émotion. Leur vie n’est pas régie par le sommeil ou la nourriture. Perdus, ils s’abandonnent à une pathétique pantomime en imitant le comportement des vivants. Mais certains refusent de renoncer au rêve de pouvoir un jour ressentir, même si le moyen d’y parvenir défie toute notion d’humanité…
Roman existentiel, fable sensorielle et conte morbide tout à la fois, Zombie nostalgie est un véritable ovni du genre. Peignant le tableau d’un monde qui se découvre encore vivant, il brosse le portrait d’un autre, qui ignore être déjà mort.
Mon avis
Voici une histoire de zombies qui sort de l’ordinaire, et c’est peu dire. Elle nous est racontée par Johannes, apparu sur l’île de Labofnia du jour au lendemain, nu, et sans aucun souvenir. Dépourvu de sensations, d’émotions et du moindre signe de dynamisme, il apprend néanmoins à imiter le comportement d’un humain normal dans sa vie quotidienne. Maladroit, enfermé dans un corps engourdi à la gestuelle saccadée, il doit à ses compétences et qualités un poste d’archiviste à la mairie de Labofnia. Il découvre peu à peu se qui se cache derrière cette île coupée du monde.
Avec un humour discret est omniprésent tout au long du roman, on ne s’ennuie donc pas (trop) grâce au caractère parfois surréaliste des situations. Des chapitres relatant l’histoire de l’île alternent avec le récit de Johannes, qui nous décrit une population amorphe, anesthésiée, maintenue confinée sur une île pour éviter qu’elle se disperse aux quatre coins du monde. Car les Labofniens, maintenus dans l’ignorance et l’apathie, ne doivent pas quitter leur minuscule île. Contrôlée par les Américains et les Européens et gardée secrète, Labofnia est un genre de ghetto isolé du reste du monde mais qui « ramasse » tout ce que ce monde met au rebut. Les Labofniens constituent une minorité compétente, pleine de qualité, mais sa nature mystérieuse, son origine inexpliquée en font des êtres de seconde zone, potentiellement dangereux. Désireux de s’ouvrir un jour au reste du monde, les Labofniens font des efforts quotidiens pour imiter le comportement des humains, et réussir l’intégration dont ils rêvent.
Le propos est plus sérieux et plus lourd que la forme le laisse penser. Si j’ai souvent souri au récit de Johannes et aux extraits d’archives, j’étais toute même loin de me passionner pour le destin des Labofniens. Alors oui, le thème du zombie est ici traité de manière inhabituelle, légère, surréaliste, puisque le point de vue est celui d’un zombie lui-même, ignorant tout de sa véritable nature. Cela donne lieu à d’étranges situations souvent comiques, parfois bizarres et incongrues. Malgré cette évidente originalité et le fond plutôt grave la chose ne m’a pas spécialement emballée. C’est un roman sympa, mais qui ne me laissera pas grand-chose.
Lu dans le cadre de mon auto-challenge PAL à 20/40=50%
4 remarques pertinentes pour “Zombie nostalgie”
J’ai aimé cette originalité moi aussi ; voilà un point de vue qui n’était pas encore traité. J’ai apprécié découvrir Labofnia, mais indubitablement le côté sérieux peut effacer cette impression d’humour.
Parfois l’humour n’était pas très net, et dans l’ensemble, ça fait sourire, certes, mais j’ai pas trouvé ça mirobolant, ni passionnant, c’est un peu mou quoi :p
mwais, pas convaincue alors 🙂 A garder pour les zombinovores 🙂
Et encore…faut vraiment être en manque ! ?
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