- Auteur : Toni Morrison
- Ma note :
- Lu : 06/2014
L’’histoire se déroule dans l’’Amérique des années 1950, encore frappée par la ségrégation. Dans une Amérique où le « White only » ne s’applique pas qu’aux restaurants ou aux toilettes, mais à la musique, au cinéma, à la culture populaire. L’Amérique de Home est au bord de l’implosion et bouillonne, mais c’est ici la violence contre les Noirs américains, contre les femmes qui s’exprime. Les grands changements amorcés par le rejet du Maccarthisme, par la Fureur de vivre ou le déhanché d’Elvis n’ont pas encore commencés. En effet, les Noirs Américains sont brimés et subissent chaque jour le racisme et la violence institutionnalisés par les lois Jim Crow, qui distinguent les citoyens selon leur appartenance « raciale ». Pour eux, le moindre déplacement, même le plus simple, d’un état à l’autre, devient une véritable mission impossible. En réponse à cette oppression, l’entraide et le partage – facilités par l’utilisation du Negro Motorist Green Book de Victor H. Green qui répertorie les restaurants et hôtels accueillant les noirs dans différents états – sont au cœur des relations de cette communauté noire dans une Amérique à la veille de la lutte pour les droits civiques.
La guerre de Corée vient à peine de se terminer, et le jeune soldat Frank Money rentre aux États-Unis, traumatisé, en proie à une rage terrible qui s’exprime aussi bien physiquement que par des crises d’angoisse. Il est incapable de maintenir une quelconque relation avec sa fiancée rencontrée à son retour du front et un appel au secours de sa jeune soeur va le lancer sur les routes américaines pour une traversée transatlantique de Seattle à Atlanta, dans sa Géorgie natale. Il doit absolument rejoindre Atlanta et retrouver sa soeur, très gravement malade. Il va tout mettre en oeuvre pour la ramener dans la petite ville de Lotus, où ils ont passé leur enfance. Lieu tout autant fantasmé que détesté, Lotus cristallise les démons de Frank, de sa famille. Un rapport de haine et d’amour, de rancœur pour cette ville qu’il a toujours voulu quitter et où il doit revenir. Ce voyage à travers les États-Unis pousse Frank Money à se replonger dans les souvenirs de son enfance et dans le traumatisme de la guerre ; plus il se rapproche de son but, plus il (re)découvre qui il est, mieux il apprend à laisser derrière lui les horreurs de la guerre afin de se reconstruire et d’aider sa sœur à faire de même.
Mon avis
Mes précédentes lectures de Toni Morrison m’avaient globalement convaincue, mais là, avec ce court roman expéditif de 150 pages, je reste perplexe. Que Morrison soit le génie que l’on dit, je veux bien l’admettre, mais qualifier Home de chef-d’œuvre revient à dire qu’un génie peut bien écrire tout ce qu’il veut, sa réputation le précédant, il serait inconcevable qu’il puisse un jour écrire de la daube. En l’occurrence, il ne peut s’agir que de snobisme, de mauvaise foi ou de simple fanatisme. L’écriture « poétique » se résume à une évocation très sommaire de Frank Money, vétéran noir de la guerre de Corée, qui se résout à revenir au pays pour aider sa jeune sœur malade. Voilà, tout est dit. Morrison ne nous révèle pas grand-chose de plus, hormis quelques épisodes vagues et confus centrés sur Frank, sa sœur, ou son ex-copine. Rien de bien construit donc, les personnages eux-mêmes sont inintéressants tant leur évocation reste superficielle et brouillonne, pas de quoi s’émouvoir sur leur sort, loin de là. Le tout semble n’avoir ni queue ni tête, l’action est inexistante, on n’apprend rien sur l’époque, très peu sur les personnages, et tout est tellement nébuleux que l’intérêt ne décolle pas. Pourtant les thèmes abordés sont nombreux, ségrégation, exploitation des femmes, syndrome post-traumatique du vétéran, retour aux sources, acceptation de soi et de ses origines, il n’y a pas à dire, la matière est là. Hélas, tout est abordé de manière si décousue que le fil s’effiloche rapidement (attention métaphore !)
Ajoutons à cela une traduction fantaisiste et alambiquée, et on trouvera toujours le moyen d’interpréter cela comme une incommensurable puissance poétique au service de quelques métaphores. Au final, un plaisir de lecture inexistant, car si l’imaginaire du lecteur compte pour beaucoup, il ne fait pas tout, et il ne reste pas grand-chose pour laisser place à la réflexion (à moins peut-être de prendre des substances stimulantes et illicites permettant de voir tout et n’importe quoi entre les lignes, car je suis sûre qu’il y a de quoi broder sur le sujet).
À titre de comparaison, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, est de loin plus poétique, plus subtil, et plus poignant que cette longue nouvelle froide et insipide, tout en restant dans une évocation permanente.
Une remarque pertinente pour “Home”
J’ai lu un seul roman de cette auteure, L’oeil le plus bleu et j’ai bien envie d’en découvrir d’autres! =)
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