- Auteur : Kate Summerscale
- Lu : août 2013
- Ma note :
Au cours de l’été 1860, un fait divers atroce bouleverse l’Angleterre, déclenchant à travers tout le pays une hystérie médiatique sans précédent. Qui a tué le jeune Saville Kent, trois ans, dernier-né d’une famille de respectables bourgeois de la campagne anglaise ? Parmi les membres de la famille, chacun semble coupable car chacun a quelque chose à cacher. Immédiatement, les journaux s’emparent de l’affaire, et l’enquête, menée par Jack Whicher, célèbre détective de Scotland Yard, dévoile à tout le pays l’intimité d’une famille au-dessus de tous soupçons. Récit d’un scandale, acte de naissance du pouvoir de la presse, mais aussi du roman policier anglais, L’Affaire de Road Hill House est avant tout une histoire aussi vraie que captivante…
Mon avis
Immersion dans l’Angleterre victorienne par le biais d’un fait divers sanglant. Il n’en fallait pas plus pour m’intriguer. Kate Summerscale reprend les nombreux documents d’époque, des archives officielles aux articles de presse, et reconstitue les faits avec une grande minutie. Plus vivant qu’un simple récit, L’Affaire de Road hill House est une reconstitution d’une société basée sur l’intimité du foyer, le caractère sacré du cercle familial. Les premiers détectives font leur apparition, et si de prime abord ils sont respectés et font figure de héros dès qu’une enquête est résolue, leurs interventions au sein de foyers de la bourgeoisie sont considérées comme autant d’affronts et de viols de la vie privée. Le détective souffre donc surtout d’une mauvaise réputation, celle de l’intrus qui n’hésite pas à remuer les secrets de famille.
Jack Whicher est l’un de ceux-là, mais il fait partie des meilleurs. Son intime conviction ne sera confirmée que plusieurs années après les faits, et même là, le mystère ne sera jamais entièrement éclairci. L’auteur prend son temps pour développer son propos, elle nous immerge dans cette période particulière de l’Histoire, nous décrit le contexte social, historique. J’ai adoré les citations et autres allusions aux auteurs de l’époque, non seulement lorsque ceux-ci donnaient leur avis ou évoquaient leurs soupçons et théories via la presse, tel Dickens, mais qu’ils s’inspiraient même parfois de l’affaire pour y faire des allusions ou des hommages plus ou moins subtiles dans leurs romans. On s’aperçoit aussi que la presse étant en pleine expansion, une question se posait déjà : l’étalage de faits divers glauques n’allait-il pas inciter les gens au crime ? Les pousser à l’acte en leur donnant des idées ? Déclencher chez certains, dans des foyers pourtant paisibles, des déchaînements de violences ou des infanticides ? La question se pose toujours, et le bon sens nous force à constater que les faits ont toujours existé, mais que les moyens de communications n’ont fait que faciliter la circulation des informations. Ce que l’on tolérait ou dissimulait dans le secret du cercle familial ou local, devient intolérable au plus grand nombre.
À la fois enquête policière et critique sociale, L’Affaire de Road Hill House ne donne pas vraiment de réponse, car si le coupable a payé, il reste des zones d’ombres que le temps n’a jamais dissipées.
Il existe une adaptation TV, The suspicions of Mr Whicher, qui s’inspire directement du livre de Kate Summerscale, et que je ne vais pas tarder à visionner !
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