- Auteur : Paul Clément
- Ma note :
- Lu : avril 2016
Une journée de juin comme une autre en Provence. Blessé à la cheville, Patrick, un agriculteur de la région, asocial et vieillissant, ne souhaite qu’une chose : se remettre au plus vite pour retrouver la monotonie de sa vie, rythmée par un travail acharné.
Mais le monde bascule dans l’horreur lorsque les automobilistes, coincés dans un embouteillage non loin de chez lui, se transforment soudain en fous assoiffés de sang… de sang humain. S’il veut survivre, Patrick doit non seulement faire face à ces démons qui frappent à sa porte mais aussi à ceux, plus sournois, qui l’assaillent intérieurement. Et si cette petite fille, qu’il prend sous son aile, parvenait à le ramener, lui, vieux loup solitaire, dans le monde des vivants ?
Mon avis
Attention ! petit aparté
Si vous faites partie des trois pelés qui suivent ce blog vous savez que par principe, je NE LIS JAMAIS D’AUTEUR AUTO-PUBLIÉ. Vilaine je suis ! J’ai d’ailleurs fait un logo afin de dissuader les auteurs de m’envoyer leurs spams (ici ou via Facebook, comme cela arrive fréquemment, et de manière si impersonnelle).
C’est chez moi un principe de base, de même que je ne lis pas de romance, ni d’harlequin, ni d’érotique : je n’aime pas ça. L’auto-édition c’est compliqué, peu d’auteurs se rendent compte qu’ils endossent plusieurs métiers à la fois en faisant un tel choix. Un choix souvent fait par dépit, et sans les multiples compétences requises. Si on se lance, il faut être sûr d’avoir de quoi palier ces lacunes pour proposer un produit fini digne de ce nom : (faire) éditer, (faire) relire, (faire) corriger, concevoir et réaliser une couverture, faire la mise en page, corriger la typo, etc.
Comme je dis toujours, il y a déjà assez de daubes éditées traditionnellement, par des professionnels, sans avoir de besoin d’en rajouter à la PAL. Personnellement, je limite ainsi les risques de déception. C’est comme ça et pas autrement.
Fin du petit aparté
Et là, vous vous dites que j’ai pété un boulon, qu’une étagère dans le dedans de moi-même a dû s’effondrer sous le poids de ma grosse PAL, pour venir ici parler d’un roman auto-publié, là comme ça, me contredisant moi-même. Que nenni ! J’ai fait confiance aux avis éclairés d’Acr0 et de Valunivers concernant Les Décharnés, car même si nous n’avons pas forcément les mêmes goûts et les mêmes avis, je me fie globalement à leur perspicacité.
J’ai donc rapidement acheté la version numérique de la chose, plutôt confiante, et je n’ai pas été déçue ! On entre immédiatement dans le vif du sujet via le point de vue de Patrick, agriculteur de son état, un peu aigri, très misanthrope et légèrement cynique. Son aisance verbale révèle un homme instruit et on devine ici et là des indices d’un lourd passé.
La plume de Paul Clément est à la fois fluide et recherchée, le récit rythmé et l’intrigue digne du meilleur épisode de The Walking Dead (la série télé) avec la survie immédiate, la fuite, l’élagage de zombies, la recherche d’un abri, de nourriture, etc. Ma connaissance de l’univers zombie reste encore limitée à ce jour, hormis The Walking Dead et quelques lectures zombiesques, je suis loin d’être une spécialiste, contrairement à l’auteur, qui n’est rien de moins que le fondateur de My Zombie Culture. Ma comparaison vaut donc ce qu’elle vaut, mais c’est pour moi un point positif. L’auteur sait de quoi il parle, et il manie les codes du genre avec brio.
L’aspect psychologique des personnages est prédominant dans ce roman, ils sont finement décrits et très réalistes. Patrick est un anti-héros complètement asocial, avec peu voire pas d’empathie pour son prochain, on a même la vague impression qu’il lui voudrait presque du mal, parfois. L’arrivée des zombies dans ses champs et le siège qui en résulte vont pourtant peu à peu le contraindre à se remettre en question, surtout lorsqu’il recueille en catastrophe une petite fille dont il ne sait pas quoi faire, à part qu’il ne peut pas l’abandonner. Malgré ses premières réticences à prendre en charge une autre personne, sa misanthropie commence à battre en retraite face à sa nouvelle responsabilité. S’ensuit alors pour le drôle de duo une lutte pour la survie, une fuite en pleine nature où les zombies sont partout tout le temps, et où même rencontrer des survivants ne garantit pas la sécurité absolue, où la confiance en l’autre reste un problème récurrent. La méfiance chez Patrick c’est une seconde nature, et la menace zombie n’arrange rien, les relations entre les protagonistes n’en sont que plus compliquées, seul le lien entre Patrick et sa protégée semble fiable et profond. Suffisamment profond pour faire de cet agriculteur entre deux âges un héros attachant qui évolue au fil des pages. Et quelle évolution ! Au lieu de se préoccuper de son petit confort dans sa maison isolée au milieu des champs, le voilà en cavale et bien décidé à préserver cette vie dont il a la charge.
Il n’y a rien de spectaculaire, à part les dégoulinades de boyaux, mais ça c’est le minimum syndical pour un livre sur les zombies. Pas de coup de théâtre invraisemblable ni de grosses incohérences, pas plus de coquilles ou de maladresses que chez n’importe quel éditeur, bref, un excellent roman qui n’affiche aucune tare de l’auto-édition. À se demander ce que font les éditeurs, ils devraient s’enlever les doigts d’où je pense et faire profiter l’auteur d’une bonne vraie promo, saperlotte ! (oui parce que le reste du boulot est déjà fait, et très bien fait !). La version papier s’apprête à rejoindre ma bibliothèque récemment rafraîchie.
8 remarques pertinentes pour “Les décharnés”
Youhou! Contente je suis 😉
Tu vas l’être doublement car je compte aussi lire Pandémie 😀
Oh la vilaine vilaine vilaine méchante blogueuse qui ne lit pas d’auto-édités 😉 Contente que tu aies su apprécier de passer un peu de temps avec Patrick.
C’est une judicieuse idée ! Merci encore pour cette superbe critique.
C’était bien, c’était beau !
Sacré Patrick quand même !
Who! tu vends de l’auto-édité! Pas mal, c’est qu’il doit être bon!
Tu donnes pas mal envie de le découvrir en effet!
En tout cas j’ai aimé, beaucoup ! ?
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cela se passe désormais sur Ma Grosse PàL.