- Auteur : Lilie Bagage
- Ma note :
- Lu : juin 2017
Lyon – 2092.
L’eau de yada est une drogue très en vogue chez les personnes âgées, car la molécule ravive leurs souvenirs ; et qui peut lutter contre les sirènes de son passé ?
Asha, 70 ans tout juste, va retrouver sa vie d’antan, celle d’avant les regrets…
Grâce à elle, le temps d’un trip, elle rejoue la mélodie vibrante de sa jeunesse.
Les souvenirs sont si réels qu’ils donnent l’illusion parfaite de les revivre… Une idée germe alors dans l’esprit d’Asha : « Si je parvenais à modifier un détail dans la trame de mon passé, cela aurait-il une répercussion sur mon présent ? »
mon avis
Lorsque la jeune auteur de ce roman m’a proposé son livre en service de presse, je n’ai pas su dire non. Il faut dire que la quatrième de couverture est bien alléchante. Et on ne dit pas non à une nouvelle copine Mastonaute. Je me suis donc lancée dans la lecture de ce tout premier roman avec enthousiasme.
Nous y faisons la connaissance d’Asha, vieille dame d’origine indienne, transplantée en France lorsqu’elle était encore petite fille, avant le divorce de ses parents. Veuve depuis plusieurs années, elle n’a plus de contact avec ses filles, sa mère vient de mourrir, et ses rares amitiés se résument à quelques connaissances de son atelier d’écriture. Un contexte idéal qui la pousse à tenter la nouvelle drogue en vogue chez les personnes âgées. Grâce à quelques gelules elle revit des instants heureux de son passé, mais très vite la drogue lui devient indispensable, entraînant une addiction aussi rapide que profonde. Les chapitres consacrés à Asha alternent avec ceux consacrés à Enis, son (seul) ami de l’atelier d’écriture. Ce dernier, très attaché à Asha, tente de reprendre contact avec cette vieille dame acariâtre et si peu sociable.
La chute d’Asha, progressive mais vertigineuse, nous laisse également entrevoir certains aspects de son passé, et la recherche de ses meilleurs moments de vie, sa volonté de retrouver un bonheur ancien et furtif la plongent dans une déchéance inévitable. Son ami Enis, vieux monsieur doux et sympathique, vaguement amoureux, est touchant de réalisme. Le contexte lui-même est fortement ancré dans le réel, avec des problématiques très actuelles qui sont vouées à empirer avec le temps, ce que l’auteur s’applique à illustrer de sa plume exquise et poétique. La solitude des personnages âgées, la précarité qui les touche de plus en plus, les rapports patents/enfants, la fragilité de cette tranche de la population son mis en avant avec intelligence et réalisme. L’aspect science-fiction du roman reste du domaine de l’anticipation, et reste du domaine du vraisemblable, hormis bien évidemment la question du voyage temporel. Ce dernier sert de prétexte à un propos plus sérieux et concret. J’ai été très agréablement surprise par le style délicat et poétique de l’auteur, et l’intrigue réserve quelques surprises notamment grâce au thème du voyage temporel. Impossible de ne pas penser à Mes vrais enfants de Jo Walton, pour cette double temporalité, ou à Des fleurs pour Algernon, pour le côté SF soft pour débutant dans le genre. Un tel roman entre dans ma liste de lecture pour lecteur peu habitué à la SF, car l’humanisme et l’émotion qui s’en dégagent le rendent accessible et lisible par tous.
Une très belle plume à découvrir et surtout à suivre de près, car Lilie Bagage a su mettre en scène des personnages attachants et développer une intrigue efficace, ainsi qu’un final des plus émouvants. Cela promet de bien belles choses pour la suite.
2 remarques pertinentes pour “Les larmes de Yada”
Lu et … approuvé ! Une belle découverte.
Auteur à suivre !
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