- Auteur : Elizabeth Gaskell
- Ma note :
- Lu : décembre 2014
Angleterre, 1839. Les ouvriers des filatures de Manchester, durement éprouvés par la misère et la maladie, se mettent en grève. La jeune et jolie Mary Barton, apprentie couturière, vit seule avec son père, syndicaliste aux positions radicales. Courtisée à la fois par Jem Wilson, le fils de l’ami de son père, et par Harry Carson, le fils du patron des filatures, elle va devoir choisir.
Premier roman d’Elizabeth Gaskell, et publié anonymement, Mary Barton (1848) suscita une controverse lors de sa parution lorsqu’on apprit que cette représentation vigoureuse de la vie des ouvriers et des luttes qui opposent ceux-ci aux patrons était l’œuvre d’une femme ! C’est aussi un roman d’éducation qui explore la confusion des sentiments chez une toute jeune fille. L’intrigue, habilement tissée, ménage un suspense tendu qui entraîne le lecteur dans une course contre la montre haletante.
Mon avis
Premier roman d’Elizabeth Gaskell, Mary Barton annonce le futur Nord et Sud. L’auteur puise son inspiration dans sa fréquentation des classes ouvrières en tant qu’épouse de pasteur. À la limite du subversif si l’on considère l’époque et son auteur, une femme écrivant sur les classes populaires et leurs difficultés, Oh my God !
Si Margaret Hale était issue d’une classe moyenne témoin des conflits sociaux entre les ouvriers et les patrons, Mary Barton est une fille d’ouvrier, et le roman développe davantage le point de vue des ouvriers. Certes moins dense et peut-être un peu moins abouti que Nord et Sud, Mary Barton demeure un roman marquant, où la situation des ouvriers face aux patrons est mise en avant. Mary est une jeune couturière qui vit seule avec son père depuis la mort de sa mère. Un peu futile et très consciente de sa beauté, elle semble très frivole et cupide, ravie de plaire et d’être courtisée par un fils de patron, dédaignant au passage son ami d’enfance, qui n’a d’yeux que pour elle. Fille de syndicaliste convaincu, elle espère pouvoir échapper à sa condition et sortir de la misère. La dualité entre patrons et ouvriers est ici beaucoup mois évidente que dans Nord et Sud, l’accent est mis sur la misère profonde des classes populaires, sur la précarité du travail, et des abus des patrons. La situation est telle que le père de Mary en vient à haïr les patrons, développant une obsession mêlée de désespoir. Ici, point de dialogue, le manque de communication engendre une profonde incompréhension de la part des deux parties : l’ouvrier qui ne voit aucune raison d’approuver les décisions arbitraires des patrons qui ne profitent qu’à ces derniers, et le patron, enrichi par le travail de ses ouvriers et qui refuse de voir la misère dans laquelle ses choix pourtant rationnels plongent sa main-d’œuvre. À l’instar de Margaret Hale, Mary Barton est une héroïne qui évolue. Si la première ouvre les yeux sur les injustices sociales et les différences entre son Sud natal et le Nord industriel, la seconde mûrit et grandit en tant que femme, et se découvre au fil des pages, avec son lot de tragédies personnelles au milieu de la tragédie sociale. La galerie de personnages est très étoffée, tous les protagonistes sont superbement dépeints et rendent le récit d’autant plus prenant.
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