- Auteur : Robert Charles Wilson
- Ma note :
- Lu : mars 2013
« Je m’appelle Turk Findley et je vais vous raconter ce que j’ai vécu longtemps après la disparition de tout ce que j’aimais ou connaissais. » C’est par ces mots que commence le premier des dix carnets lignés trouvés dans le cartable d’Orrin Mather, jeune vagabond interné dans un centre d’accueil de Houston. Ces carnets racontent l’histoire de ce Turk Findley qui, en passant un arc temporel des Hypothétiques, a fait un bond de dix mille ans dans le futur et s’est retrouvé sur Vox, un archipel artificiel sur le point de franchir l’arc pourtant fermé qui fait communiquer Equatoria avec le berceau de l’humanité – une Terre à l’agonie devenue toxique et inhabitable. Pour Sandra Cole, le médecin en charge d’Orrin, ce récit est un roman de science-fiction plein d’élucubrations sur les Hypothétiques et leur nature exacte, mais certains faits contredisent cette confortable théorie, car Orrin connaît bien un monsieur Findley, un trafiquant très dangereux… Suite directe d’Axis, Vortex clôt avec une rare audace la trilogie entamée avec Spin, récompensé par le prix Hugo et le Grand Prix de l’Imaginaire.
Mon avis
Et comme je le disais précédemment, Axis ne fut qu’une transition avant Vortex. Sans être aussi percutant que Spin (décidément indétrônable), Vortex vole haut, très haut. La narration alterne entre le récit de Turk, qui se trouve désormais…ailleurs et loin, (dirons-nous pour de pas déflorer un suspense encore une fois très présent) et la rencontre de Sandra, médecin, et Bose flic, et Orrin, jeune homme perdu mais à l’imagination manifestement débordante. Ce dernier relate en effet dans ses cahiers le récit même de Turk. Qui est Orrin, qu’est devenu Turk ? Ici encore l’auteur lâche la bride à son imagination, qui frise de plus en plus le délire au fil des pages. Mais quel délire ! Celui-ci atteint de sommets de poésie (oui, carrément !) et d’inventivité, mais ce n’est pas tout, la thématique est très riche et ne cesse d’interroger le lecteur. La position de l’Humanité face à la Nature, face à l’Univers, et même face à sa faiblesse congénitale qui la pousse non seulement à nuire à son environnement mais à s’inventer et à s’aliéner à des entités divines sans raison ni bon sens. Car l’Humanité, pourtant loin de son berceau, après avoir colonisé plusieurs planètes replonge dans sa propension à vouloir expliquer de manière irrationnelle ce qui peut être expliqué rationnellement, et à développer une nouvelle forme de soumission massive, un nouveau genre de fanatisme religieux. Même si l’on frise parfois le surnaturel avec les explications finales, tout reste finalement assez cohérent, et absolument fascinant. J’ai repensé à Asimov et Clarke pour le côté métaphysico-psycho-philosophique. Finalement on ressort de la trilogie en se disant que nous ne sommes rien face à l’Univers et ses mécanismes, au mieux nous pouvons prétendre être la conséquence d’une suite de phénomènes qui fatalement ont fait éclore la vie telle que nous la connaissons, pauvres ignares que nous sommes. Vous l’aurez compris, avec Wilson on réfléchit, on se bouleverse, on s’interroge, et on reste béat devant les idées véhiculées.
Bonus : Il n’y a pas si longtemps, Robert Charles Wilson est passé par le blog !
Les commentaires sont désormais fermés.
Pour la suite de mes lectures et autres déviances,
cela se passe désormais sur Okenwillow.