- Auteur : Hugh Howey
- Ma note :
- Lu : janvier 2017
Les gardiens de phare. Pendant des siècles, ils ont assuré la sécurité des bateaux. C’est un boulot solitaire et bien souvent ingrat. Jusqu’à ce que quelque chose se passe. Qu’un bateau soit en détresse. Au XXIIIe siècle, on pratique toujours ce métier, mais dans l’espace. Un réseau de phares guide à travers la Voie lactée des vaisseaux qui voyagent à plusieurs fois la vitesse de la lumière. Ces engins ont été conçus pour être d’une solidité à toute épreuve. Ils ne connaissent jamais d’avaries. En théorie du moins…
Après la trilogie Silo, Hugh Howey revient avec un roman au suspense haletant. Dans un monde en proie aux aliens et à la guerre interstellaire, il met en scène le destin d’un homme rongé par un mal tout aussi redoutable : l’infinie solitude des confins de l’espace.
Mon avis
La solitude, le confinement, l’isolement quasi-total, décidément, il semblerait que la vie de marin d’Hugh Howey transparaisse dans son œuvre. Son excellent trilogie Silo, dense et détaillée, m’avait passionnée, il était donc logique que je me plonge dans ce roman-recueil situé dans l’immensité interstellaire. Présenté comme un roman, mais écrit comme un recueil, Phare 23 regroupe plusieurs nouvelles apparentées, mais donc le lien n’est pas d’emblée évident. On se demande dès la fin de la deuxième partie si l’auteur savait où il allait en démarrant son histoire, s’il avait déjà en tête son dénouement, et si c’est pour mieux troubler son lecteur qu’il passe « presque » du coq à l’âne.
Le narrateur est un vétéran souffrant du syndrome post-traumatique. Héros de guerre, il a pu choisir son affectation et a opté pour la solitude d’un phare spatial, loin de la Terre, loin de la guerre, la balise 23, dont le rôle est de guider et avertir les vaisseaux de passage. Seul avec lui-même, il a l’introspection facile, et entre deux pépins qu’il attend avec fatalisme (l’humour du narrateur et la succession de pépins m’ont fait un peu penser à Seul sur Mars), on en apprend de plus en plus sur lui, son passé, son état d’esprit. Ce dernier est chaotique, à la limite de la schizophrénie, au point que l’on en vient à douter de la véracité de ses propos. La première partie sur les « petits bruits » m’a particulièrement parlé (disons-le carrément, moi, ça m’a fait froid dans le dos), gros moment d’empathie et de solidarité avec le personnage. L’épisode du caillou est un régal d’humour et d’absurdité, mais également d’émotion, l’air de rien. La suite est sur le même ton, la souffrance psychologique du narrateur ne fait plus de doute, mais son humour sarcastique et parfois noir est un délice. Sans trop en faire ni dans un sens ni dans l’autre, l’auteur réussit à nous donner envie de connaître le dénouement, encore bien flou à ce stade, tant la logique des enchaînements de situations reste étrange. Mais la fin apporte son lot de réponses et tout devient cohérent.
Il ne s’agit pas ici d’un pavé développant tout un univers construit, détaillé, avec moult personnages, et une intrigue élaborée. On pourrait reprocher à l’auteur d’avoir voulu faire un truc vite fait, là comme ça, en plusieurs épisodes, et de les avoir rassembler à la va-vite. Ou pas. Certes, j’ai trouvé le tout un peu court, car le propos de fond n’est pas sans rappeler celui du Cycle d’Ender, le narrateur ayant eu le même genre de cas de conscience qu’Ender, mais en peu de pages, en quelques épisodes de la vie solitaire du gardien de phare balise, l’auteur réussit à poser les questions de l’absurdité de la guerre, du rapport (paradoxal) à l’autre dans la solitude, du sacrifice, etc. Bien des points communs avec Ender donc, mais dans une sorte de huis-clos où l’auteur va à l’essentiel sans s’embarrasser de fioritures, que cela soit dans l’action ou le portrait très juste qu’il dresse de son personnage. Moins épique qu’Ender, plus succinct que Silo, l’auteur semble s’être octroyé une pause avec un récit court, intimiste, usant d’un ton léger et décalé pour un propos plutôt difficile à la base. Et le mélange prend plutôt bien.
Un « roman » différent de Silo et de sa richesse, et que j’aurais aimé plus développé, mais un très bon moment de lecture.
3 remarques pertinentes pour “Phare 23”
Sa trilogie m’avait aussi passionnée mais cette fois-ci, je suis totalement passée à côté de l’histoire (trop lent, trop superficiel pour me plaire)
J’ai trouvé exactement l’inverse : malgré la brièveté du truc j’ai trouvé le portrait humain très précis et réaliste, mais effectivement c’est pas Silo non plus 😀
bien résumé ! Moi, j’ai beaucoup apprécié – le côté « schizophrénique » qui est particulièrement bien rendu surtout dans un tel environnement- alors que la lecture de Silo m’avait laissé froid (je n’ai même pas lu les suites)
Il en faut pour tous les goûts mais je pense avant tout que Beacon 23 s’adresse plus à un lectorat adulte (contrairement à Silo que je range avec les Divergents et autres séries plus YA…)
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