- Auteur : Robert Goddard
- Ma note :
- Lu : décembre 2016
1911, Geoffrey Staddon, jeune architecte plein d’élans et d’espoir, vient de concevoir une magnifique demeure, Clouds Frome. Et il est tombé amoureux fou de la femme de son commanditaire, Consuela Caswell, une jeune Brésilienne perdue dans un mariage de convenance. Alors qu’il lui a promis de s’enfuir avec elle, il l’abandonne à son triste sort, préférant se consacrer pleinement à ses ambitions professionnelles.
1923, en lisant le journal, Geoffrey tombe sur un article qui lui glace le sang. Consuela Caswell est accusée de meurtre et risque la peine capitale. Bouleversé par cette nouvelle qui réveille bien des fantômes et ravive son sentiment de culpabilité, il ne peut rester sans rien faire. D’autant plus qu’il est persuadé que Consuela n’a pas pu commettre un crime aussi terrible. Il n’a pas le choix, il doit revenir à Clouds Frome pour savoir ce qu’il s’y est réellement passé. Il ne se doute pas encore des sombres secrets qu’il va y découvrir et qui vont bouleverser son existence.
Dans une forme éblouissante, Robert Goddard revient ici à sa période de prédilection, le début du xxe siècle, à ses thèmes favoris, l’Histoire, les non-dits, les secrets de famille, et nous offre un roman formidable, aux multiples révélations.
Mon avis
J’ai découvert Robert Goddard chez Sonatine en 2010 avec Par un matin d’automne. Depuis, je n’avais lu qu’un autre roman de lui, avant de le mettre tellement bien de côté que je n’y ai plus pensé. Honte à moi ! Me revoici donc avec son dernier roman traduit, toujours chez Sonatine, joie bonheur dans mon cœur !
Robert Goddard n’a pas volé sa réputation, car en matière de suspens, de secrets familiaux, d’intrigues retorses et de personnages bigarrés, il se pose là !
L’histoire se situe avant et après la Première Guerre mondiale, principalement à Londres et à Hereford. La mise en situation est minutieuse, le narrateur, Geoffrey Staddon, relate son aventure avec la femme de son client plus de douze ans auparavant, et ne nous épargne rien de cette période qui pour lui n’est synonyme que de regret, culpabilité et trahison. L’état d’esprit du héros à ce stade est déjà bien mis en évidence et l’on entre immédiatement en empathie avec lui, à défaut de sympathie.
Le déroulement de l’intrigue est d’une grande précision, Staddon alterne entre ses souvenirs et sa situation actuelle. Un compte à rebours commence alors pour Staddon et Consuela, le premier déterminé à sauver la seconde de la potence. Se déroule sous nos yeux un écheveau dense et tortueux, peuplé de personnages plus vrais que nature, de situations plutôt crédibles, même si certaines sont parfois un tantinet trop faciles. Amour, trahisons, regrets, double jeu et non-dits, convenances, raison et sacrifice de soi, autant de thèmes largement développés par le biais de personnages tourmentés, résignés, victimes de mauvais choix au mauvais moment. L’ambiance, le cadre et l’époque sont en ce qui me concerne, des atouts majeurs, d’autant plus que le talent de l’auteur permet une immersion totale. Révélations et coups de théâtre ponctuent le récit déjà passionnant par son rythme soutenu et la plume échevelée de Goddard. Le dénouement, à la hauteur de mes attentes me laisse tout aussi béate que perplexe, dans le sens où il peut être sujet à interprétation. Ou pas. Cela dépendra de la sensibilité du lecteur et de son implication dans sa lecture. En bref, un pur bonheur de lecture, à tous les niveaux.
Une remarque pertinente pour “Sans même un adieu”
HAAA j’ai survolé les deux derniers paragraphes pour éviter le spoil… Je suis en plein dedans.
J’avais eu peur avec la couv’, et au vu des commentaires de mes co-jury (prix des lecteurs livre de poche). Hier j’ai dévoré 130 pages, comme ça à la cool et je pense que je suis bien dedans.
Je repasse quand j’ai fini!!
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