- Auteur : José Carlos Somoza
- Ma note :
- Lu : février 2015
4e DE COUVERTURE
En excursion scolaire dans un mystérieux ermitage aux abords de Madrid, une collégienne découvre Tétraméron, une société occulte qui se réunit une fois l’an pour raconter des histoires énigmatiques toutes plus terrifiantes – ou édifiantes – les unes que les autres. Après avoir écouté les contes cruels des quatre membres, elle devra relater le sien, rite initiatique obligé pour entrer dans ce cercle obscur et très privé ; et quitter pour toujours les rives de l’enfance. Les histoires, hantées par la présence du péché, de la tentation, de la luxure et du Mal s’ouvrent les unes sur les autres telle une succession d’effrayantes matriochkas avant la révélation finale. Au fil de ces fables intrinsèquement liées, José Carlos Somoza nous plonge dans un univers gothique et sombre, empreint d’une angoissante débauche, à l’image du Décaméron de Boccace.
Mon avis
Nous voilà donc avec un conte multiple sur le passage à l’âge adulte. La jeune Soledad la bien nommée, orpheline de mère, se sent invisible et insignifiante. Lorsqu’elle tombe par hasard sur les quatre mystérieux membres du Tétrameron, elle est très vite absorbée par leurs récits, tous plus étranges et oniriques les uns que les autres. Les contes se succèdent tandis que Soledad reste fascinée, intriguée, émue, effrayée par ces étranges individus, qu’on a du mal à cerner. Sont-ils bienveillants ou mal intentionnés ? Que veulent dire leurs histoires aussi horribles qu’absurdes, où un réalisme troublant semble pourtant s’immiscer ? La jeune fille semble à peu près aussi perdue que le lecteur, Somoza joue avec la symbolique au point d’en devenir nébuleux, voire carrément hermétique. Les contes n’ont rien d’enfantin et sont bien souvent à la limite du fantasme, de l’horreur, et le côté malsain et trop adulte met mal à l’aise Soledad qui a bien du mal à comprendre les tenants et les aboutissants. Elle réagit la plupart du temps en enfant de son âge, certains aspects lui échappent, d’autres la séduisent ou la rebutent, sans qu’elle soit capable de dire pourquoi. Malgré les demandes bizarres des participants concernant ses vêtements, elle reste à leur écoute, absorbée malgré elle par leurs histoires aussi étranges qu’inquiétantes. Le mystère presque absolu qui entoure cette société secrète la rend fascinante et effrayante, Soledad a plongé dans l’inconnu dès son apparition dans la pièce, et ne peut plus faire machine arrière. Le rite de passage à l’âge adulte à commencé, jusqu’au dénouement, inévitable.
De deux choses l’une, soit le roman ne veut rien dire, soit il me manque un sacré paquet de clés pour l’interpréter pleinement. Les contes sont plus ou moins liés, mais rien n’est clair (OK, c’est Somoza, c’est normal, mais tout de même !), on a l’impression de lire un fourre-tout d’histoires oniriques et farfelues. Si on veut découvrir Somoza, ce roman-là est un très mauvaise idée, il n’est absolument pas représentatif de son œuvre, mieux vaudrait commencer par n’importe lequel de ses autres livres pour vraiment avoir une idée de son univers hors norme.
Somoza est à mes yeux un dieu vivant. Qu’il se soit légèrement planté avec le Tétraméron ne changera pas le culte que je lui voue. Tout le monde a droit à l’erreur, même Somoza.
Une remarque pertinente pour “Tétraméron”
Malgré cet hermétisme et ces contes à dormir debout, je reste fan aussi.
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