- Auteur : Sonja Delzongle
- Ma note :
- Lu : mars 2018
Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme, globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C’est ainsi que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore un autre. Autour d’eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales, des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière.
Pour comprendre l’origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s’immerger dans le travail, Luv s’envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire.
Le lendemain a lieu la première disparition.
mon avis
J’ai croisé Sonja Delzongle dans moult salons, festival et événements, et je n’avais encore rien lu d’elle. J’ai donc sauté sur l’occasion avec son dernier roman, Boréal, publié chez Denoël depuis mars.
Glagla
La superbe couverture donne le ton de ce roman glacial et délicieusement nordique. On est au Groenland, dans une base de recherche réunissant quelques scientifiques de tous horizons autour d’une même mission. On oublie rapidement cette dernière puisque notre équipe cosmopolite fait une surprenante découverte peu après son arrivée. Le chef de l’expédition, Roger Ferguson, appelle aussitôt Luv Svendsen à la rescousse pour élucider cet épais mystère. Cette scientifique renommée trimballe quelques casseroles, notamment une tentative d’assassinat sur sa personne et un isolement forcé dans un endroit secret. Elle sort donc de sa cachette pour l’occasion et s’expose ainsi à ses ennemis. Des chapitres nous relatent son passé, son présent, et nous parlent de son entourage, le tout alternant avec l’intrigue principale. Son personnage s’arrache à une situation pesante pour se plonger dans une situation plus stimulante professionnellement.
L’intrigue suit donc son cours avec péripéties, disparitions, suspicion, sorties dans la nuit polaire avec la b*** et le couteau, et j’en passe. Les noms des personnages sont de nets clins d’œil à d’autres auteurs (Malte, Whale, Desjours, Ferguson, et sans doute d’autres mais je ne connais pas, ma culture ayant ses limites). Le tout se lit très bien, le rythme est maîtrisé, le suspens efficace (jusqu’à un certain point), les pages se tournent presque toutes seules, l’ambiance est bien dépeinte, quasi envoûtante. On voit que l’autrice s’est largement documentée pour traiter son sujet et le contexte choisi. J’ai aimé lire la première moitié du roman, j’étais dedans.
Oui, mais !
Ensuite les choses se corsent. J’ai d’abord essayé de trouver une raison d’être aux chapitres consacrés à Luv et à son histoire annexe. Celle-ci est très détaillée, c’est une intrigue à part entière. Je n’ai pas compris ce que cet épisode parallèle apportait à l’histoire. Certes, son passif aide à comprendre le genre de femme et de mère qu’elle est ainsi que son attitude à la fin du roman, mais tout de même, l’autrice à un peu trop tiré sur la ficelle, pour finir avec de grosses cordes. J’aurais presque préféré un roman entier sur cette histoire-là, tant il y avait matière, et tant elle m’a paru expédiée, pour le coup.
L’ensemble vire rapidement à l’abracadabrant dans le fil principal, avec une série de ressorts aussi prévisibles que caricaturaux. On perçoit une tentative d’originalité avec un saut dans l’horreur, une horreur qui hélas ne m’a à aucun moment fait frémir. Trop c’est beaucoup, et beaucoup c’est trop. Bref, le qui du quoi du comment se voit quand même venir de loin. Le message écolo vaguement émis par certains personnages et illustré par les événements ne m’a pas non plus convaincue (en même temps, je n’ai pas besoin de l’être). Les personnages, Luv incluse (et là c’est le comble, vu son pedigree) m’ont laissée de marbre, manquant d’âme et de substance.
Alors oui, l’ensemble se lit bien, vite et même avec plaisir, mais que m’en restera-t-il ? Peut-être l’envie diffuse de lire un autre roman de Delzongle, pour ne pas rester sur cette impression mi-figue mi-raisin.
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