• Auteur : Ignacio del Valle
• Ma note :  
• Lu : avril 2013

Hiver 1943, près de Leningrad. Un phalangiste espagnol de la División Azul engagée aux côtés des Allemands, est retrouvé égorgé dans les glaces d’une rivière. « Prends garde, Dieu te regarde » est l’inscription gravée au couteau sur l’épaule de la victime. Comme si la violence des combats, la faim et la neige ne suffisaient pas dans ce monde blanc figé par le froid ! On assassine le jour. On ne dort pas la nuit. Des fous rôdent au crépuscule et l’on joue à la violeta dans des baraques de misère peuplées de pauvres diables… Chargé par sa hiérarchie d’élucider le meurtre, Arturo Andrade, soldat de cette armée du chaos, va ouvrir les portes de l’enfer sur terre…

 Mon avis

Derrière ce titre peu engageant façon bit-lit ou vaguement SFFF, se cache un thriller historique noir et glacial. On découvre à la lecture de ce roman à quoi le titre fait réellement référence. Titre qui n’a pas de gros rapport avec le titre espagnol d’ailleurs, beaucoup plus terre à terre, mais passons, il doit s’agir du même genre d’incongruité qui fait que la première enquête d’Arturo Andrade et premier volume d’une trilogie n’a pas été traduite en français. Car oui, Empereurs des ténèbres ici présent est le second volume d’une trilogie, et le non-hispanophone peut donc prendre le premier volume en VO et se le mettre profond. Qu’on ne me dise pas que les enquêtes sont indépendantes ! L’intérêt d’une série réside aussi dans l’évolution des personnages principaux, et en l’occurrence, le lecteur français est légèrement pris pour un abruti en étant privé du premier épisode. Bref !

Donc, nous voici plongé en 1943, en Russie, au sein de la División Azul. Espagnols et Allemands se côtoient, mais ne sont pas très copains. Les Russes ne sont pas loin et la menace est permanente. Dans ce contexte ô combien chaleureux, le soldat Arturo Andrade, qui a échappé à la peine de mort en échange d’un petit séjour en Russie, est chargé d’élucidé le meurtre d’un soldat espagnol. On nous dit plus ou moins pourquoi le choix de ses supérieurs se portent sur lui, et pourquoi il a été gracié, histoire de nous remettre en mémoire le premier volume que le français non polyglotte n’a donc pas pu lire. C’est un peu le détail qui m’a alertée concernant l’existence d’un premier volume. Passons. Notre soldat va donc commencer son enquête dans un environnement hostile, en plein hiver, avec l’angoisse d’une attaque des Russes, et assez peu d’indices. Heureusement, notre homme est perspicace et observateur. Il va mener ses recherches dans les pires conditions, jusqu’au dénouement. Autant le dire tout de suite, il ne s’agit pas là d’une révolution dans le monde du suspens, car il est ici relativement absent, l’intrigue en elle-même n’est pas mirobolante et sert plutôt de prétexte. Les personnages sont potentiellement intéressants, mais pas assez fouillés, ils auraient gagné à être plus approfondis, histoire que le lecteur puisse ressentir un minimum d’empathie envers eux. Mais non. Pourtant il s’en est fallu de peu. Finalement, le principal intérêt de ce roman, c’est l’écriture, le choix de l’époque et surtout du contexte. On ne peut pas nier que ça sort de l’ordinaire. Si l’auteur peine à donner de l’épaisseur à ses personnages, il les rend du coup aussi froids et figés que l’hiver dans lequel ils évoluent. Les descriptions sont efficaces, on a froid. Je pense que sans la qualité d’écriture et la puissance d’évocation de l’auteur je n’aurais pas terminé le livre, l’intensité du suspens étant proche de zéro. L’intrigue est honnêtement menée, mais sans plus. Pas de surprise, pas de vrai coup de théâtre. Mais une ambiance prenante, un environnement angoissant et hostile, un contexte historique fort.

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