- Auteur : Philip Roth
- Ma note : 20% lus
- Lu : février 2013
Portrait d’une Amérique à la fois profonde et proche. Voilà le dessein de Philip Roth. Un portrait brossé sans mise à quatre épingles et à travers la figure centrale d’un professeur d’université, Coleman Silk, juif et noir à la peau claire, âgé de soixante et onze ans, accusé à tort de racisme puis à qui l’on reproche d’entretenir une relation avec une femme de trente-quatre ans, illettrée et agent d’entretien. De quoi faire tache dans la bonne conscience américaine, dans les Berkshires, où « il reste des gens, des péquenots comme des universitaires, qui n’auront jamais le bon goût de renoncer à leurs vieilles valeurs pour se mettre au pas de la révolution sexuelle. Des pratiquants étriqués, des maniaques des convenances. »
L’existence de Coleman, son destin et les êtres gravitant autour de lui ont valeur d’illustration, rapportée par une présence omnisciente, jugeant ci et là les personnages. Pour ce faire, Philip Roth se crée un double, Nathan Zuckerman, qu’il n’épargne pas d’impuissance sexuelle ni d’un cancer de la prostate… Jouant sur le présent, revenant au passé pour conter la jeunesse de Coleman, multipliant les regards, en saute-mouton de narrateur, Philip Roth passe en revue l’enlisement de la guerre du Vietnam et ses horreurs, la pêche à la ligne sur les lacs glacés, les arcanes de l’art noble (jab, droite, gauche, crochet et uppercut), la bouffonnerie du hasard, les cuistreries philologiques, bibliographiques et archéologiques des universitaires, jusqu’au scandale éclaboussant la Maison Blanche, émue et excitée par Monica Lewinsky, dite « Gorge profonde », « pompant généreusement le sexe » de Bill Clinton… Troisième volet (indépendant) d’un regard drôle et acerbe sur le Nouveau monde, après Pastorale américaine et J’ai épousé un communiste, c’est là le plus tragi-comique des romans de Roth. L’un des plus puissants aussi.
Mon avis
Ayant lu et adoré La vérité sur l’Affaire Harry Quebert de Joël Dicker, et ayant ouïe dire qu’il s’était largement inspiré de La tache de Philip Roth, c’est donc naturellement que j’ai voulu tenter la découverte de cet auteur que la réputation précède. Las ! Le style de Roth m’a assez vite rebutée, je le trouve pompeux, alambiqué, on sent l’auteur qui s’écouterait presque parler. Lorsque le propos est enseveli par un style lourdingue comme ici, je rends les armes. Je n’avais pas encore mis de mot sur ce qui me dérangeait jusqu’à que ce que Delphine l’évoque sur Twitter : « un élitisme puant ». À la lumière d’une interview récente de l’auteur tout s’éclaire ! L’impression désagréable ressentie lors de la lecture froide et pompeuse de La tache s’explique.
Bref, si monsieur Roth fait de la « vraie » littérature, apparemment, la « vraie » littérature n’est pas ma tasse de thé.
7 remarques pertinentes pour “La tache”
Je n’ai pas lu ce roman de Roth mais j’ai lu « Un homme » que j’ai bien aimé sans y trouver de l’élitisme.
Tu devrais peut être essayer celui ci.
Bisous et bonne soirée
Ca c’est dit !
Moi non plus je n’ai pas aimé, mais je n’ai pas voulu arrêter à mi-chemin pour pouvoir écrire ma critique sur mon blog 😉 J’ai ressenti la même chose que toi à la lecture du livre.
Et dire que c’est un auteur très réputé… Il est surtout publié chez Gallimard qui a une force de frappe commerciale phénoménale en France 😉
Si c’est le même style je m’asbtiendrai :p
Si c’est le même style je m’abstiendrai :p
😀
Pourquoi se coltiner tout un bouquin quand on constate dès le départ ce qui nous y déplait ? Je n’ai pas ce genre de patience, et disons que si j’abandonne une lecture, en général je sais quand même dire pourquoi :p Effectivement le marketing y est toujours pour beaucoup dans la réputation d’un auteur, et c’est souvent injustifié 🙁
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