- Auteur : José Carlos Somoza
- Ma note :
- Lu : novembre 2012
« Je suis tombé amoureux d’une inconnue » : c’est par cette dernière phrase qu’un écrivain a portée sur son manuscrit, avant l’accident qui lui a fait perdre la mémoire, que tout finit et tout commence. Auteur et lecteur jouent de concert : ils ne disposent que du texte pour résoudre toutes les énigmes.
Mon avis
Somoza je le kiffe, Somoza je l’aime d’amûûûr, il vient quand il veut à la maison, je lui ferai une fideua. Cet homme est un grand malade. Ça turbine sec dans la cabeza. Comment peut-on maîtriser autant des intrigues à ce point tordues, traiter des thèmes aussi originaux ? Somoza le fait, Somoza peut tout faire. Comme à son habitude, l’auteur nous perd entre réalité et imaginaire, son histoire emporte le lecteur loin dans la réflexion. Le rapport entre la fiction créée par l’écrivain et la réalité est poussé à son paroxysme par le biais d’un genre de thriller qui n’en est pas tout à fait un, mais un peu quand même. Là aussi nous avons un roman assez court, plus long que Le détail, mais moins long que mes autres lectures de Somoza. Le personnage de Cabo, auteur amnésique, est la personnification de la page blanche à lui tout seul. Il se sent contraint et forcé de partir à la recherche de cette femme écrite, qui existe peut-être, quelque part. Son enquête est à la fois une quête de LA femme, une quête de lui-même, du roman idéal. Un roman en forme de puzzle, bourré d’énigmes et de pistes, une réflexion intense sur le processus mystérieux de la création, et sur la réalité de ce qui est créé. On a l’impression de nager en plein fantasme, en plein rêve, jusqu’à ce que la réalité du dénouement nous secoue, juste avant un final d’une poésie extrême. Somoza s’amuse et cite un roman que j’ai lu et adoré il y a des années, et qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille, puisqu’il annonce la chute et l’explication finale. Daphné disparue est un roman tout aussi surprenant que ses autres œuvres, et tourne lui aussi autour des mêmes thèmes qui semblent être la préoccupation principale de Somoza : les diverses formes d’art transposées de manière toujours troublante et inattendue. Pour faire simple, je dirai que l’œuvre de Somoza est fascinante, envoûtante, et onirique.
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